
Ce n’est jamais “juste”
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« Je me sens juste un peu à côté aujourd’hui. »
« Juste fatiguée. »
« Il faut juste que je tienne jusqu’à la fin de la semaine. »
On dit ces phrases tout le temps, sans y penser.
Mais… et si ce n’était jamais « juste » quelque chose ?
Et si « juste » était le mot qu’on utilise pour balayer quelque chose de sacré ?
Un murmure de l’âme.
Une vibration subtile.
Un message du grand Tout que nous ne faisons pas simplement partie… mais que nous sommes.
Même ce terrain vide au bout de la rue n’est pas qu’un terrain abandonné.
Il porte des fleurs sauvages, nourrit les abeilles, abrite la vie.
Il fait partie d’un écosystème vivant.
Rien n’est isolé.
Rien n’est « juste » quelque chose.
Et pourtant, quand on se sent à plat ou à côté de soi, on cherche souvent une solution extérieure—
un scroll, une série, un petit plaisir.
Un shoot de dopamine.
On écrase l’invitation à s’asseoir.
À ressentir.
À honorer.
Tellement de traditions ancestrales sont nées de cette capacité à observer.
Pas de la hâte à régler, mais du choix de rester en présence.
L’Ayurveda. Le Qi Gong. Le Yi Jing.
Elles ne sont pas nées pour optimiser notre productivité.
Elles sont nées de l’écoute sacrée des rythmes de la nature—et de la reconnaissance que nous sommes, nous aussi, la nature.
En observant l’essence du monde qui les entoure, les anciens ont appris à honorer l’essence en eux-mêmes.
Ce que nous mangeons, quand nous le mangeons, comment nous bougeons et comment nous nous reposons—
Ce ne sont pas des gestes sans importance.
Ce sont des actes de dévotion.
Manger en accord avec les saisons.
Bouger pour nourrir l’esprit.
Prendre soin des besoins du corps, du cœur et de l’âme—
C’est dire : cette vie est sacrée.
Ce n’est pas « juste » un fruit.
Pas « juste » une étire matinale.
Pas « juste » un jour de plus.
C’est un rituel.
Une manière de vivre qui dit : je fais partie du Tout, et le Tout vit en moi.
Mon fils de 10 ans m’a dit l’autre jour : « Je veux travailler. »
Et j’ai marqué une pause.
Pas parce que je doutais de son intention, mais parce que j’ai reconnu une partie de moi dans cette phrase.
Cette version de moi qui, autrefois, travaillait beaucoup… mais vivait si peu.
Si le travail est un échange d’énergie, alors je me demande aujourd’hui :
Est-ce que toute l’énergie que tu dépenses à travailler est un juste échange pour la vie que tu veux vraiment vivre ?
Aujourd’hui, j’ai compris : mon vrai travail est sacré.
C’est l’œuvre intérieure.
Le temps que je consacre à l’écoute.
À l’amour.
À la présence.
Et dans ces instants silencieux, je me souviens de ce que disait Abraham Maslow :
« Le sacré est dans l’ordinaire... il se trouve dans la vie quotidienne, chez nos voisins, nos amis, notre famille, dans notre propre jardin. »
Oui.
Même dans une heure de calme.
Même dans ce souffle que tu viens de prendre.
Même dans ce ressenti que tu t’apprêtais à balayer avec un « ce n’est rien ».
Ne vis pas juste un autre jour.
Prends trois minutes sacrées aujourd’hui pour t’asseoir.
Pour sentir la respiration circuler en toi.
Pour poser une main sur ton cœur et te rappeler : cette vie est la tienne.
Ce moment est sacré.
Quand on vit avec révérence, on vit pleinement.
On cesse de dire : « ce n’est qu’un arbre », « juste une heure », « juste une phase ».
Et on commence à vivre comme si tout comptait.
Parce que c’est le cas.
Et toi aussi, tu comptes.